« Last Words » de Jonathan NOSSITER en avant-première au Festival Lumière 2020

Dimanche 18 octobre 2020, lors du Festival Lumière 2020, Jonathan Nossiter, le réalisateur de Mondovino est venu présenter, à l’UGC Ciné Cité Confluence, en avant-première, son film « Last Words » sélectionné pour le Festival de Cannes 2020 et pour le Festival du Cinéma Américain de Deauville 2020, avec Nick Nolte, Charlotte Rampling, Stellan Skarsgård, Alba Rohrwacher, Myriam d’Abo, et Kalipha Touray, soit une distribution impressionnante.

Jonathan Nossiter, dimanche 18 octobre 2020, lors du Festival Lumière 2020, à lUGC Ciné Cité Confluence.
Jonathan NOSSITER, dimanche 18 octobre 2020, lors du Festival Lumière 2020, à l’UGC Ciné Cité Confluence.

Le film évoque de nombreuses oeuvres telles « The baby of Macon », « Le dernier combat », « La Belle Verte », « Robinson Crusoé », « Sauvages » ou encore « Soleil vert ».

« Last words » est un plongeon spectaculaire dans un monde post-apocalyptique écrasé par le soleil, la solitude, l’incertitude, la misère, la déchéance humaine, la mort et les souvenirs de la vie d’avant portés par les restes de la cinémathèque de Bologne.
Les villes européennes sont des champs de ruine, les routes sont devenues des chemins caillouteux impraticables, cernées par de vastes déserts de pierres.

Le hasard de dramatiques circonstances mène Kal (Kalipha Touray), parti d’un Paris fantomatique, à Shakespeare (Nick Nolte), centenaire encore très vif, et réfugié dans les décombres de la cinémathèque de Bologne, où, en l’absence de courant électrique, il a bricolé un projecteur fonctionnant grâce à une dynamo actionnée par un vélo fixe.
Il initie ainsi Kal au cinéma, à la magie de la projection de vieux films, et à la vie telle qu’elle était avant la catastrophe.
Motivé par l’espoir de transmettre à Kal, Shakespeare fabrique même de la pellicule pour films, et donne les éléments nécessaires à Kal pour reconstituer une caméra des origines

Tous les deux ont lu quelque chose à propos d’un appel, qui les fait marcher jusqu’à Athènes, avec la pellicule vierge, des films, le projecteur et la caméra des origines en devenir, pour finalement retrouver des espaces verdoyants mais impropres à produire de la nourriture, et d’autres survivants, une collection d’individus hagards, hébétés, illuminés aussi, errant entre les colonnades d’une improbable Acropole, chacun parlant sa propre langue, sans nécessairement comprendre l’autre, tels les humains après la chute de la Tour de Babel. Oui, Babel s’est écroulée.
Les projections de films fédèrent tous les survivants et parviennent à leur arracher sourires et rires, affection et tendresse, comme manifestation d’un espoir intérieur, seuls moments où nait une forme d’unité.
Kal finit par reconstruire une caméra qu’il actionne grâce à une manivelle, et filme la vie dans ce campement improvisé, et la mer, devenue rouge.
Cette caméra et ces projections participent de la scène théâtrale de l’Acropole, vaste déambulatoire de pantomimes désarticulées, sans passé, ni futur, qui ne constituent même pas une communauté organisée, dans ce haut lieu, à la fois ultime refuge de la population athénienne en cas de danger, symbole de la démocratie grecque, et terre de naissance du théâtre, et dont même le souvenir semble avoir été effacé des mémoires, pour ne plus rien signifier.

Un médecin se dévoue pour la santé des autres, mais finit aussi par les euthanasier, subrepticement, à la faveur de la nuit. Une jeune femme essaie de faire pousser des plants pour se nourrir. Une femme âgée (Charlotte Rampling) tombe enceinte, et décède suite à l’accouchement. Les mois passent, les décès se succèdent. Bientôt, seuls demeurent Kal et Shakespeare, puis Shakespeare meurt aussi, laissant Kal seul, avec son témoignage que peut-être personne ne verra, mais vous pourrez le voir, car la fin de l’humanité n’est pas encore advenue.

« Last words » ou les derniers mots reviennent peut-être à l’Humanité.

Gérard Sanchez